Samedi 28 Janvier 2012
PICARDIE La dette n'est plus un problème
Il a été question de la dette au conseil régional de Picardie (photo d'archives).
Changement de décor à la Région où le point annuel sur la gestion de la dette n'a donné lieu à aucun débat. Pour autant, la donne n'a pas changé fondamentalement.
À la Région, il arrive que les années se suivent et ne se ressemblent pas. Illustration avec la session d'hier, au cours de laquelle Philippe Massein, vice-président socialiste en charge des finances, a présenté son rapport d'information sur la gestion de dette.
Il y a un an encore, la droite et le FN auraient sauté sur l'occasion pour s'offrir une tribune politique et dénoncer le recours excessif à l'emprunt, «tare» supposée dont les libéraux affublent volontiers les exécutifs rose-rouge-verts.
Rien de tel hier. Les chiffres, il est vrai, s'y prêtent mal. Au 31décembre 2011, l'encours de la dette - le stock - s'élève à 575,3 millions d'euros, en augmentation de 20 millions par rapport au 1er janvier 2011.
Mais parallèlement, la capacité de désendettement de la Région, élément clé sur lequel repose en grande partie l'appréciation des finances d'une collectivité, s'est améliorée.
Au 31décembre, elle s'établissait à cinq années. Le temps qu'il faudrait à la Région pour rembourser sa dette, son épargne nette représentant 100 millions d'euros par an.
Pourquoi diable ce silence des oppositions, là où il y a moins d'un an, Caroline Cayeux, ex-leader de la droite à l'assemblée régionale, évoquait encore une possible «faillite » de la Région?
«Objectivement, les chiffres se sont améliorés,rappelait en marge de la session Christophe Coulon, nouveau président du groupe Envie de Picardie. Il ne sert à rien de vouloir mettre le feu constamment. Je veux que notre groupe soit crédible et la dette ne constitue pas aujourd'hui un problème. D'autant que les ratios vont encore s'améliorer.»
Ceux qui ont longtemps poussé Caroline Cayeux à souffler sur les braises apprécieront. En attendant, Christophe Coulon met à sa manière le doigt sur la vraie question. La situation des autres collectivités (communes, communautés de communes, conseils généraux) les amènera à différer, voire annuler nombre de projets d'investissement.
Du coup, la Région n'aura pas à mobiliser les aides qu'elle a elle-même budgétées. Selon toute vraisemblance, le recours à l'emprunt n'atteindra pas les 125 millions d'euros programmés pour boucler le budget 2012. Ce n'est pas un hasard si Philippe Massein indique qu'il a bon espoir de ramener à quatre années la durée du désendettement de la Région.
D'autant qu'il ne suffira pas de vouloir investir pour le faire. Depuis des mois, les collectivités sont toutes confrontées à la même problématique: elles ne parviennent plus à emprunter. «Quand on prospecte pour un emprunt de 3millions d'euros, on nous propose royalement 750 000 ou un million d'euros, rappelle le vice-président chargé des finances. Les ratios sont bons, les finances sont saines, mais les banques ne sont pas intéressées par des prêts à 3 ou 4% qui ne leur rapportent pas suffisamment.»
Une façon de rappeler que la question du crédit, plus précisément celle du crédit au service du développement des territoires, reste un vrai problème, que la disparition programmée de Dexia, ex-partenaire privilégié des collectivités, ne va pas forcément aider à résoudre.
Un problème d'autant plus criant que les collectivités représentent 73% de la commande publique en France et que la Picardie, région qui cumule les handicaps, a plus que d'autres besoin d'investissements.
PHILIPPE FLUCKIGER Le Courrier picard.fr