Mercredi 13 Octobre 2010
« J’ai bousculé l’échiquier politique dans le canton et au département, résume Isabelle Demaison, mais j’en ai payé le prix aussi. Au début, au conseil général, lorsque j’étais dans l’opposition, je n’existais pas, j’étais une parenthèse. Pensez donc, j’avais osé battre Alain Gest ! Et dans le canton, aujourd’hui encore, le maire de Corbie veut me réduire au rang de potiche. Même lorsque je défends ses dossiers, je n’ai pas le droit de parler lors des inaugurations. »
Et de conclure : « La leçon de mon élection il y a six ans, c’est que les électeurs ont fait un vote politique. Ils ont voulu écarter Alain Gest qui représentait une politique de droite. Et en mars prochain, ce sera encore un choix politique, je vais me retrouver face à Alain Babaut, qui représente une droite adoucie certes, qui dit ne pas faire de politique mais qui en fait quand même. »
Alain Babaut, justement, a lui aussi changé de statut. Celui qui était souvent relégué au second plan, derrière son mentor Alain Gest, a pris son autonomie. Président de la communauté de communes du Val de Somme, conseiller régional de 2004 à 2010, il occupe seul désormais l’espace politique local. Brillamment réélu maire en 2008 - face à Isabelle Demaison - avec 59 % des suffrages exprimés, il compte sur les qualités qui lui ont toujours réussi : une gestion consensuelle des affaires locales.
Son credo : « Défendre son territoire, mais pas dans un cadre politique, idéologique. Dans un cadre de solidarité. » Il cite, entre autres exemples, le cas de l’épicerie solidaire et tacle subtilement : « J’ai dû me battre contre elle pour avoir des subventions. Avec Christian Manable (le président PS du conseil général) on peut discuter. Mais avec elle, c’est vraiment difficile. Elle vire vite au sectarisme. Et elle veut toujours avoir raison, avoir le dernier mot, alors que dans nos affaires locales, il faut d’abord du dialogue et de la concertation. »
Tous deux sont d’accord sur un point : ils n’iront pas solliciter les maires des communes pour constituer leur comité de soutien. « Il ne faut pas les mettre en porte-à-faux », disent-ils dans les mêmes termes.
Et tous deux ont les mêmes craintes pour ce scrutin : l’abstention, le vote Front national (mais il faudra 12,5 % des votes des inscrits, et non plus 10 %, pour se maintenir au second tour), et les difficultés sociales « qui éloignent les gens de la politique ».
Et même s’ils ont les plus grandes chances de se retrouver au second tour, ils ne seront pas les seuls candidats au premier. Outre un candidat Front national, sont également attendus des candidats Colère et Espoir (Maxime Gremetz), Front de gauche, Modem. Et s’il n’y aura pas de candidat UMP ou Les Verts, il pourrait encore y avoir un indépendant.
BENOÎT DELESPIERRE source Le courrier picard.fr