Une trentaine d'artistes a participé samedi à un happening devant la Maison de la Culture à Amiens pour protester contre les baisses de subventions du conseil régional de Picardie. (Photo Mikael LIBERT)
Privée d'un certain nombre de taxes, la Région s'interroge sur ses prochaines ressources financières. Par précaution, elle privilégie ses aides sur l'innovation et la recherche et sera plus regardante sur les aides culturelles.
Le conseil régional de Picardie semble vouloir remettre de l'ordre dans l'octroi de subventions. Première à subir les effets de cette politique : la Fédération des réseaux et associations d'artistes plasticiens (Fraap). Cette association nationale coprésidée par un plasticien picard, Pascal Bruandet, n'a pas obtenu la subvention qu'elle espérait de la Région : 12 000 € pour l'organisation des 8es Rencontres nationales des associations et collectifs d'artistes qui se sont déroulées les 14, 15 et 16 mai à Amiens.
Dans une lettre adressée à Claude Gewerc, président (PS) du conseil régional, les deux coprésidents du Fraap évoquent les aides obtenues pour les précédentes éditions de leur congrès tant par les régions Nord-Pas-de-Calais, Haute-Normandie, Bretagne.
« Les régions nous ont toujours soutenus. Là, on ne comprend pas. C'est un coup dur ! » regrette Pascal Bruandet. Du côté du conseil régional, on nous a assuré qu'il « n'y a pas eu de courrier, d'engagement, de vote » au sujet de cette demande de subvention du Fraap.
Pour autant la Région reconnaît « les risques sur la culture. Le secteur est en difficulté, ça, c'est vrai ! On ne sera plus en croissance comme on a pu l'être en période précédente. »
Si le mécontentement du Fraap s'est exprimé par un happening de protestation samedi dernier devant la maison de la culture d'Amiens, d'autres sont plus discrets. Plusieurs associations comme les Jardins familiaux de l'Oise s'étonnent de voir leurs subventions réduites, voire supprimées.
S'il est vrai que les associations sont souvent « chouchoutées » lors des campagnes électorales (elles sont de bons gisements de voix !), les lendemains ne sont pas toujours joyeux. Au conseil régional, on joue la transparence dans l'attribution des subventions : « Nous ne sommes pas obligés de dire « Oui » à tout ! Il n'y a pas d'aide automatique. »
Une certitude : certaines associations ne devront bientôt plus compter que sur elles-mêmes. La Région anticipe : « Nos ressources vont baisser dans les années à venir. Nous n'avons plus la taxe professionnelle, ni la taxe foncière. On recentre nos interventions sur un certain nombre de priorités, notamment sur tout ce qui touche à la recherche et à l'innovation. On ne peut pas lâcher l'essentiel de ce qui est l'avenir de la Picardie, comme les pôles de compétitivité. »
Quant à la suppression d'un certain nombre d'aides à l'énergie dénoncée par l'opposition de droite, la Région estime qu'elle « a ouvert le chemin sur l'isolation et que l'État a depuis mis en place un dispositif semblable. » Les aides aux systèmes photovoltaïques ont également été supprimées : « Beaucoup en ont profité par effet d'aubaine, en tirant un profit personnel », reconnaît-on à la Région.
JACQUES BEAL
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