Mercredi 08 Février 2012
Avant d'ordonner la suspension des procès-verbaux, la Ville a procédé à son propre relevé. Mais sans prévenir ses policiers municipaux.
Des élus qui relèvent les infractions de stationnement devant les fenêtres du poste de police municipale, placé en zone bleue. La scène s'est répétée régulièrement, sur la période du 23 août 2011 au 3 janvier 2012.
Au total, ces élus qui préfèrent garder l'anonymat, ont effectué «des observations sur 239 véhicules garés », sur lesquels ils ont pu constater «193 infractions non sanctionnées ». Une information que vient de révéler Christian Vlaeminck, maire, dans une lettre ouverte à la population ayant pour but de clore la polémique.
Aujourd'hui et après la levée de boucliers de ces derniers jours, c'est avec ce décompte que la Ville justifie sa consigne «de ne plus dresser de procès-verbaux jusqu'à nouvel ordre », donnée par le biais d'une note interne, le 25 janvier, aux policiers municipaux.
Pour les élus, tout a commencé avec la mise en place du nouveau plan de stationnement, en juillet dernier. «Nous leur avions demandé de mettre des PV pour améliorer la fluidité du trafic et du stationnement. Mais rien ne bougeait, donc nous avons commencé à effectuer ce relevé, explique Jean-Michel Blondel, premier adjoint au maire. Les résultats obtenus corroborent les chiffres que nos agents de police nous avaient fournis. À savoir, une moyenne de cinq procès-verbaux établis par semaine. Nous avons alors pris la décision de suspendre provisoirement les PV pour faire de la prévention et non plus du harcèlement. Et avec la nouvelle réorganisation, nous voulons qu'ils fassent davantage de patrouilles ailleurs que dans la rue du Bourg et celle du Commandement Unique. »
Chez les policiers municipaux comme chez leurs syndicats, l'annonce du relevé effectué par des élus est une surprise et surtout, un argument non valable. «Nous n'étions pas au courant de ce relevé, confie l'un des agents doullennais. D'autant que sur la période citée, nous avions déjà la consigne de lever le pied, pour ne pas effrayer les touristes de l'été, les parents qui font les achats de rentrée et pendant les périodes des fêtes, pour ne pas pénaliser les commerçants. Verbaliser intelligemment et faire de la prévention, c'est ce que nous avons toujours fait. »
Pour preuve : Lionel Kmieciak, le leader du Syndicat national de la police municipale (SNPM) Force ouvrière avance les 142 procès-verbaux établis à Doullens sur l'année 2011 (voir encadré) : «C'est une activité correcte pour un petit poste de police municipale. » Et de réaffirmer sa volonté de «trouver une solution pour les agents ».
Hier, le service de police municipale a sollicité un rendez-vous auprès du maire pour apaiser la situation. Un entretien qui «sera certainement accordé cette semaine ».
ALEXANDRA MAUVIEL le courrier picard.fr